La Formule 1 échappera-t-elle à l’ennui ?

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À chaque début de saison, on y croit. À chaque début de saison, on se dit que cette fois, ce sera la bonne. À chaque début de saison, les responsables de la Formule 1 pondent de nouvelles lois censées favoriser le spectacle et l’indécision des Grands Prix, ou réduire leur impact sur l’environnement.

À chaque début de saison, les outsiders nous disent que leur voiture est désormais parfaite et qu’ils pourront rivaliser avec les favoris. Et à chaque début de saison, les favoris nous disent qu’il faudra se méfier des outsiders qui auront sûrement fait beaucoup de progrès pendant la trêve.

Et pourtant, et cette année est peut-être la plus grande quintessence de ces désillusions, à chaque saison le suspense est plus que moindre et le vainqueur final connu bien avant la fin de l’année.

La peur du vide

Et donc, cette année, on a battu tout simplement des records en termes de non-surprise avec 5 doublés des Mercedes pour commencer la saison sur les 5 premiers Grands Prix disputés. Il aura fallu attendre le 6ème et le GP de Monaco pour voir quelqu’un d’autre que Lewis Hamilton ou Valtteri Bottas sur les deux premières marches du podium, en la personne de Sebastian Vettel, deuxième à Monaco, Bottas n’ayant terminé « que » troisième. Dans le Grand Prix suivant, au Canada, alors qu’Hamilton remportera de nouveau la course, Bottas sera éjecté du podium par les deux Ferrari de Vettel et Charles Leclerc pour terminer quatrième. Cette demi-surprise sera vite contrée par un nouveau doublé des Flèches d’Argent lors du GP de France.

Et on se disait alors que la fin de saison serait longue et fastidieuse alors qu’il restait pourtant encore 13 courses à disputer. Mais ça, c’était avant le Grand Prix d’Autriche qui a relancé l’amour pour la F1 de manière complètement inattendue.

Un feu d’artifice impromptu

D’un seul coup, les fans de Formule 1 se sont sentis comme ceux du Tour de France qui, année après année, regarde la Grande Boucle sans se faire d’illusions sur le vainqueur final dès la première semaine de course, mais qui, en 2019, reprennent soudain espoir en une édition riche en bouleversements et en combats, puisque les absences de Froome, Dumoulin et Roglic ont complètement rebattu les cartes entre les différents prétendants à la victoire finale.

Et voilà donc toutes les émotions qui ont traversé les esprits incrédules des téléspectateurs devant Canal+ en voyant ce GP d’Autriche complètement fou et surtout plein de suspense jusqu’au dernier tour.

Qui aurait pu croire que la victoire finale se jouerait entre Max Verstappen et Charles Leclerc, alors que ni Hamilton, ni Bottas, ni Vettel n’ont abandonné ? Qui aurait pu imaginer que Verstappen allait devoir jusqu’à toucher la Ferrari de Leclerc pour pouvoir doubler le Monégasque à deux tours de la fin ?

Et qui aurait pu prétendre deviner qu’Hamilton allait, pour la première fois, ne pas terminer dans les deux premiers de la course, mais à une cinquième place inédite, après s’être fait doubler par Vettel à un tour de la fin, qui a en plus failli chiper ensuite la troisième place à Bottas à la toute fin ?

Personne, ou en tout cas pas grand monde tant ce scénario paraissait improbable au vu des 8 premières courses de la saison.

Et si ?

Alors, comme par magie, en regardant les écarts au classement du championnat des pilotes, on se dit soudain qu’avec 12 GP restants, les différences ne sont pas irrattrapables, alors qu’on pensait l’histoire pliée depuis longtemps avant ce fameux weekend autrichien. Avec 71 points d’avance sur Verstappen et 74 sur Vettel, Hamilton dispose certes d’un matelas confortable, mais pas insurmontable.

Et avec un Charles Leclerc qui confirme, course après course, son talent et sa capacité à aller chatouiller les meilleurs, on se prend alors à rêver de Grands Prix disputés et tendus de bout en bout.

Si le titre de champion devrait tout de même subir une véritable révolution pour échapper à une Mercedes, les fans de Formule 1 se contenteraient déjà largement de courses au scénario incertain, aux dépassements audacieux, au vainqueur superbe, au second méritant et aux favoris challengés.

En gros, tout ce que l’on a vu en Autriche, pour notre plus grand plaisir, enfin !

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